REVOIR LA SANTÉ ESTHÉTIQUE DU REGARD.
L’ANATOMIE APPLIQUÉE AUX INJECTIONS DE LA RÉGION PÉRIORBITAIRE
PRÉVENTION DES COMPLICATIONS
L’EXEMPLE DU LIFTING CHIMIQUE DE LA QUEUE DU SOURCIL
Jad BISSAR, MD
jadbissar-96@hotmail.com
Introduction
Le « Fox eyes », « foxy eyes » ou « cat’s eyes » est une des nouvelles tendances esthétiques, très à la mode actuellement et de plus en plus médiatisés sur les réseaux sociaux par des influenceuses comme Bella Hadid et Kendall Jenner. De plus en plus de patientes en sont demandeuses, avec une majorité de patientes jeunes entre 20 et 40 ans.
L’effet recherché est de rajeunir le regard avec un œil en forme d’amende donnant au visage un aspect à la fois doux et « fatal ».
De nombreuses façons permettent d’y parvenir, soit de manière invasive tels que la « canthopexie » ou le « lifting des tempes/sourcils », soit de manière non invasive tels qu’avec les fils tenseurs résorbables, les injections de toxine botulique et d’acide hyaluronique et le « ponytail lift ».
La toxine botulique reste à l’heure actuelle la technique la plus simple à faire et la moins risquée.
Le but de cette communication est de rappeler les bases d’anatomie indispensables à la compréhension de la technique du « lifting chimique de la queue du sourcil », afin d’en optimiser les résultats et d’éviter les complications.
Anatomie de la région périorbitaire
La face se décompose en différentes couches, qui sont de manière successive de la superficie à la profondeur :
Le plan cutanée, la peau.
Le plan graisseux superficiel.
Les ligaments de la face.
Le plan musculaire représenté par les muscles peauciers.
Ces muscles ont la particularité d’avoir des insertions osseuses fixe d’un côté, et des insertions cutanées mobiles de l’autre côté. Ils sont généralement disposés autour des orifices avec une action dilatatrice ou constrictrice.
Ils sont souvent continus avec les muscles voisins ce qui explique que les injections de toxine botulique puissent être dangereuse par diffusion de cette dernière.
Le plan graisseux profond, sous musculaire.
Le périoste.
L’analyse de la face se fait sous 5 incidences : de face, de ¾ et de profil en distinguant de manière étagée de haut en bas (ou de bas en haut selon les préférences) différentes sous-unités :
– La région péri-orbitaire
Avec l’unité fronto-orbitaire
Et la région sous-orbitaire,
Le nez
La région médio-faciale
Les lèvres
Et l’unité péri buccale.
A- L’unité fronto-orbitaire:
On distingue au niveau de cette zone 4 muscles d’intérêt clinique majeur :
1- Le muscle frontal (frontalis) : muscle large, plat et quadrilatère, qui s’insère dans la région sourcilière en entrecroisant ses fibres avec les muscles voisins notamment le muscle corrugateur. C’est un muscle digastrique avec le muscle occipital via une aponévrose intermédiaire : la galéa. Il s’agit du seul muscle élévateur du sourcil.
2- Le muscle procérus (pyramydal) : petit muscle médial, vertical et très fin, ayant une insertion osseuse inférieure se moulant sur les os propres du nez et une insertion dermique supérieure dans la zone inter sourcilière. Il s’agit d’un antagoniste du muscle frontal, permettant d’abaisser la tête du sourcil. Sa contraction est à l’origine de transversale inter sourcilière à la racine du nez.
3- Le muscle corrugateur du sourcil : muscle horizontal qui présente une insertion osseuse fronto-nasale à la racine du nez et une insertion cutanée sur la peau de la ½ interne du sourcil. Ce muscle permet de froncer les sourcils et est à l’origine des rides glabellaires verticales : rides du lion.
4- La partie supérieure du muscle orbiculaire de l’œil (orbicularis oculi) : Grand muscle qui entoure complètement l’orifice orbitaire et se prolonge dans les paupières.
Il présente ainsi deux parties :
la partie orbitaire, la plus externe, qui entoure le cadre orbitaire
et la partie palpébrale, interne, au niveau des paupières.
Cette dernière comprend elle-même 3 parties :
marginale, au ras des cils ;
pré-tarsale, adhérente au tarse
et pré-septale facilement clivable du septum.
Ces trois parties convergent vers les ligaments canthaux externes et internes.
B- La région sous-orbitaire:
Plus simple que l’unité fronto-orbitaire, la région sous-orbitaire comprend plusieurs muscles :
La partie inférieure du muscle orbicularis oculi,
La partie supérieure des muscles grand zygomatique, petit zygomatique, levator labi superioris, levator angulis oris.
Cette région présente des ligaments d’intérêt clinique majeur :
Le ligament orbito-malaire (ou ligament de rétention orbiculaire) qui représente le cerne, très solide
Les ligaments zygomatico-cutanés, au-dessus desquels se développe la poche malaire
Le ligament cutanéo-maxillaire
Le lifting chimique de la queue du sourcil
Il est essentiel de comprendre que la disposition de la queue du sourcil n’est que la résultante d’une balance musculaire fronto-orbitaire avec d’un côté les muscles élévateurs du sourcil (complexe musculaire frontal) et de l’autre les muscles abaisseurs du sourcil (procerus, corrugators, orbiculaires des paupières).
Sourcil féminin Vs Sourcil masculin
Il est essentiel de comprendre que le sourcil féminin n’est pas le sourcil masculin.
En effet, le sourcil féminin à un aspect oblique vers le haut : positionné au-dessus du bord supraorbitaire, il a une forme en aile de mouette, avec une élévation latérale plus que médiale, et une cambrure maximale au niveau ou latéralement au limbe latéral.
Le sourcil masculin est au contraire quasi-horizontal légèrement descendant vers le bas au niveau de la glabelle et qui surtout ne remonte pas trop.
On se doit ainsi de respecter la forme du sourcil et d’utiliser la toxine botulique pour modifier sa forme de manière esthétique et adapté au sexe sinon risque féminisation du regard ou Méphisto.
Vieillissement du regard
L’évolution de la beauté du visage peut être décrite par la théorie des triangles inversés.
En effet, la beauté peut être représentée par un triangle à base supérieur avec plus de volume dans les tiers supérieur et moyen du visage.
Avec le temps et le vieillissement, la peau perd en élasticité, la graisse s’atrophie et on assiste à une ptose du visage avec une inversion de ce triangle qui devient à base inférieure avec plus de volume en bas.
Le sourcil et aspect des yeux sont intimement liés. C’est l’un des premiers signes de vieillissement chez l’homme et chez la femme. En effet, une chute du sourcil accentue l’aspect fatigué, triste et vieilli du regard. L’élévation de la queue du sourcil par l’injection de toxine botulique permet ainsi d’avoir aspect plus jeune et plus furtif du regard.
Techniques d’injection de la toxine botulique
Principe :
Élévation de 2 à 3mm de la queue du sourcil par la relaxation de la portion externe du muscle orbiculaire sous le sourcil associé à la relaxation du muscle corrugateur
Technique :
L’injection se fait en se basant sur des repères osseux et non sourcilier notamment chez les femmes qui s’épilent ou qui se tatouent leur sourcil, soins qui risquent d’induire en erreur
- Repérer l’orbite
- Piquer à l’aiguille dans l’orbiculaire sous la queue du sourcil
- Injection directe vers le haut de 2UI de toxine botulique
Gestion des complications
Le ptosis est la principale complication possible de l’injection de toxine botulique au niveau des sourcils. Elle résulte de la diffusion de la toxine au niveau du releveur de la paupière supérieure.
Elle est néanmoins de plus en plus rare avec une meilleure maitrise de la technique d’injection.
En cas de survenue, on peut avoir recours à un médicament : la iopidine à 0,5% matin et soir pendant 15 jours.
Ce dernier permettra de corriger la ptose.
Il reste essentiel de revoir son patient à 48h et après 15 jours de iopidine afin de surveiller l’évolution.
Comment éviter les complications ?
Quelques conseils :
- Technique rigoureuse d’injection et bonne connaissance anatomique
- Orientation de l’aiguille : Injection vers le haut et non l’inverse
- Éviter l’injection à proximité du releveur de la paupière supérieure
- Respecter une distance de 1,5cm au-dessus de l’arcade sourcilière
- Ne pas injecter en dessous du plancher de l’orbite
- Éviter de masser