BEAUTÉ DE LA PEAU ET SOINS AU MASCULIN.

                        DR MICHÈLE VERSCHOORE, MARINE VIALLANEIX.                               
Directeur Médical, Recherche et Innovation L’Oréal 
Dr Michèle Verschoore

SOMMAIRE

Les soins de peau chez l’homme à travers les siècles

  • La beauté des hommes à ses origines
  • Des standards variables selon les cultures

La peau de l’homme est-elle différente ?

  • La peau
  • Les poils, les cheveux

Je suis un homme et je prends soin de mon visage

  • Quel est mon type de peau ?
  • J’adapte ma routine de soin en fonction de ma peau
  • Je lutte contre les signes de l’âge
    • Les types de vieillissement et les phénomènes impliqués
    • Que faire pour atténuer ces signes ? Et qu’utiliser ?
      • Les actifs cosmétiques efficaces
      • Les autres procédures
  • Je me protège du soleil
    • Le soleil et ses effets
    • Les conséquences néfastes de l’exposition au soleil
    • La photoprotection

 

Les soins de peau chez l’homme à travers les siècles

Depuis toujours, la beauté fait partie intégrante des relations hommes et femmes.

Ceux-ci consacrent de l’énergie et des moyens à l’entretien d’une belle apparence de leur visage, de leurs corps et de leurs cheveux pour des raisons qui ont varié au cours des siècles.

L’homme des cavernes par exemple se vêtait de peaux de bêtes, d’ornements cutanés pour séduire des femmes mais aussi montrer son appartenance à un certain groupe.

Les Égyptiens eux se maquillaient, se coiffaient et prenaient soin de leur corps d’une façon très poussée car l’amélioration de leur apparence physique relevait d’un sens spirituel et sacré.

Dans l’antiquité Grecque, les hommes prenaient aussi beaucoup soin de leur corps et de leur santé, car leur apparence corporelle et leurs qualités intellectuelles étaient fortement liées.

Plus tard, d’autres peuples, notamment lors de l’Empire romain ou la Chine Antique ont également accordé une grande importance à leur apparence, car dans leur cas, avoir un corps sculpté et purifié était une représentation de leurs capacités au combat.

Cependant, à partir du XVI ème siècle, les civilisations latines rejettent ces habitudes à prendre soin de son corps sous la pression de l’Église pour en contrepartie, favoriser l’élévation de l’esprit.

Ces soins du corps sont alors considérés comme uniquement féminins et deviennent pour certains hommes un sujet tabou.

Ce n’est qu’au XIX ème siècle que la tendance s’inverse de nouveau, les hommes commencent à se teindre les cheveux, à prendre soin de leur barbe et à affirmer leur corps.

À la fin du XXème siècle, la beauté du corps est alors totalement démocratisée, et celle-ci rejoint la santé, concernant toutes les classes de la société.

Aujourd’hui, l’accès aux soins de santé et de beauté pour les hommes est aussi important que pour les femmes, ceux-ci prennent soin ouvertement de leur corps, de leur peau et de leurs cheveux.

Une virilité moderne décomplexée s’est créée et les hommes n’hésitent plus à utiliser des cosmétiques et effectuer des interventions esthétiques pour embellir leur apparence.

 

Des standards variables selon les cultures

En 2021, la beauté des hommes est entièrement démocratisée mais les critères de beauté sont très différents en fonction des pays et zones géographiques. Dans certains pays d’Asie comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine, le marché des cosmétiques pour hommes est très développé, il est courant pour eux d’acheter des produits de soin ou même de maquillage.

Les européens n’ont pas encore atteint ce niveau mais tendent vers celui-ci, notamment grâce à la communication digitale. Il est possible d’affirmer aujourd’hui que nous assistons à un mouvement affirmé vers une approche mondialisée de la beauté masculine.

Cet article a donc pour objectif d’informer les hommes de leurs problématiques spécifiques, d’accroitre leurs connaissances concernant leur peau et enfin de les guider dans le choix de soins cosmétiques adaptés.

 

Pourquoi des soins spécifiques pour les hommes ?

La peau masculine, si elle présente de nombreuses caractéristiques communes avec la peau des femmes, n’en a pas moins des signes cliniques qui lui sont propres et qui nécessitent des soins différenciés. Ces différences sont dues au patrimoine génétique mais aussi à tous les facteurs environnementaux que subit l’organisme, soit l’exposome, il a notamment été prouvé que celui-ci a un impact important sur le vieillissement cutané[1].  

La peau est l’organe le plus grand du corps humain, c’est un organe très complexe mais très important car il constitue la première barrière séparant l’organisme du milieu extérieur, le protégeant ainsi d’un grand nombre d’agressions extérieures comme la pollution, les rayons Ultraviolets etc. Celle-ci est composée de trois couches distinctes ; l’épiderme, le derme et l’hypoderme.

Plusieurs aspects de la peau diffèrent en fonction du sexe de l’individu, la peau des hommes est physiologiquement différente de celle des femmes et cela est dû en grande partie aux hormones sexuelles de la famille des stéroïdes, principalement de la testostérone.

La première différence que l’on retrouve entre la peau de l’homme et de la femme est l’épaisseur, la peau masculine est plus épaisse, elle mesure en moyenne 1,54 mm pour 1,36mm chez la femme[2].

 

Les couches de la peau n’ont également pas la même épaisseur, l’épiderme de l’homme, sans compter le stratum corneum qui est la couche la plus superficielle est plus épais d’environ 10% de plus que chez la femme, cependant, avec l’âge cela s’équilibre, entre 20 et 30 ans, il mesure environ 63 µm pour atteindre 34 µm entre 70 et 80 ans alors que chez la femme, il varie de 49 µm à 33 µm[3].

 

La mélanine, qui est synthétisée par les mélanocytes dans le stratum basal sous deux formes en fonction du patrimoine génétique ; l’eumélanine (brun-foncé) et la phaeomélanine (rouge-jaune) peut être plus ou moins foncée en fonction du sexe de l’individu. En effet, il a été prouvé que la quantité de mélanine est plus élevée chez l’homme ainsi que leur vascularisation[4].

 

Les défenses cutanées ne sont pas identiques entre les hommes et les femmes, en effet, ceux-ci sont ont une densité des cellules desquamantes et des kératinosomes plus faible, ce qui signifie que l’épaisseur des couches lamellaires du ciment lipidique est moindre chez les hommes[5].

La fonction barrière assurée par la présence du stratum corneum de la peau masculine est moins protectrice du fait de sa plus fine épaisseur de ciment lipidique qui contient par conséquent moins d’eau que chez la femme[6]. La perte insensible en eau (PIE) est ainsi plus importante chez l’homme.

 

La jonction dermo-épidermique (JDE) qui est la zone assurant la cohésion entre l’épiderme et le derme est plus épaisse au niveau de la lamina densa chez l’homme que chez la femme[7]. Ce qui est influe sur la résistance de la peau aux effets de l’âge.

 

Le derme masculin est également plus épais que le derme féminin, de plus, sa densité en collagène est plus élevée[8], ce qui permet de protéger la peau des signes de l’âge, mais aussi du stress mécanique sur certaines zones comme le front[9].

 

Du fait de la configuration oblique et non perpendiculaire comme chez la femme des septa, fibres de collagène enserrant les globules graisseux, le tissu adipeux sous-cutané de l’homme est moins épais, ce qui signifie qu’il n’est globalement pas sujet à la formation de cellulite[10].

La transpiration est un autre point qui diffère entre les deux sexes, les glandes apocrines sont moins nombreuses chez les hommes mais ils transpirent globalement plus que les femmes, notamment entre 15 et 50 ans[11]. Leur sueur est aussi plus odorante et plus acide du fait de la présence plus importante d’acide lactique dans la sueur masculine[12].

 

Les androgènes sont essentiels à l’activité des glandes sébacées, elles sont présentes en grande quantité dans la peau masculine et sont plus nombreuses et volumineuses dans certaines zones dont le visage, le cuir chevelu ou les organes génitaux[13]. La peau des hommes a un taux de sébum plus élevé et ce, dès la puberté, elle est aussi globalement plus grasse avec des pores plus visibles[14].

[1] Buendía-Eisman A, Prieto L, Abarquero M, Arias-Santiago S. Study of the Exposome Ageing-related Factors in the Spanish Population. Acta Derm Venereol. 2020 May 28;100(10): adv00153.

[2] Lasagni C, Seidenari S. Echographic assessment of age-dependent variations of skin thickness: A study on 162 subjects. Skin Res Technol. 1995 May;1(2):81-5. 

[3] Cohen-Letessier A., Bombal C., « Dermocosmétologie de l’homme. Cosmétologie et dermatologie esthétique », art. cit. – Goursac C. de, L’Esthétique au masculin, op. cit.

[4] Cohen-Letessier A., Bombal C., « Dermocosmétologie de l’homme. Cosmétologie et dermatologie esthétique », art. cit. – Giacomoni P.U., Mammonea T., Teri M., « Gender-linked differences in human skin », J. Derm. Sci. ; 2009, 55, p. 144-149.

[5] Martini M.-C., Cosmétologie Masculine, Paris, Lavoisier, 2009.

[6] Mizukoshi K., Akamatsu H., « The investigation of the skin charcteristics of males focusing on gender differences, skin perception, and skin care habits », art. cit.

[7] Tidman M. J., Eady R. A. J., « Ultrastructural morphometry of normal human dermal-epidermal junction. The influence of age, sex, and body region on laminar and nonlaminar components », J. invest. Dermatol., 1984, 83, p.448-453

[8] Shuster S, Black MM, McVitie E. The influence of age and sex on skin thickness, skin collagen and density. Br J Dermatol. 1975 Dec;93(6):639-43.

[9] Diridollou S, Black D, Lagarde JM, Gall Y, Berson M, Vabre V, Patat F, Vaillant L. Sex- and site-dependent variations in the thickness and mechanical properties of human skin in vivo. Int J Cosmet Sci. 2000 Dec;22(6):421-35.

[10] Elsner P. Overview and trends in male grooming. Br J Dermatol. 2012 Mar;166 Suppl 1:2-5. 

[11] Wilke K, Martin A, Terstegen L, Biel SS. A short history of sweat gland biology. Int J Cosmet Sci. 2007 Jun;29(3):169-79.

[12] Martini M.-C, Cosmétologie masculine, op. cit – Cohen-Letessier A., Bombal C., « Dermocosmétologie de l’homme. Cosmétologie et dermatologie esthétique », art. cit.

[13] Martini M.-C., Cosmétologie masculine, op.cit.

[14] Kim BY, Choi JW, Park KC, Youn SW. Sebum, acne, skin elasticity, and gender difference – which is the major influencing factor for facial pores? Skin Res Technol. 2013 Feb;19(1): e45-53.

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