Les entretiens de L&M

QUEL EST L’ÉTAT DE LA RECHERCHE ET DU DÉVELOPPEMENT DE L’ACIDE HYALURONIQUE AUJOURD’HUI ET DEMAIN ?

« L’avenir pour Vivacy sera toujours l’acide hyaluronique ».

Michel Cheron, Pdt & CEO du groupe VIVACY

Michel CHÉRON
CEO et PDG du Groupe VIVACY

Interviewé par le

Pr Albert Claude BENHAMOU
Éditeur de la Revue "Look et Medecine"

Pr Albert Claude BENHAMOU Monsieur le Président, nous sommes très honorés en tant que responsable de la revue Look et Medecine de préparer une publication dédiée à Vivacy et en particulier au développement de l’acide hyaluronique, qui est au coeur de votre recherche industrielle et du développement des applications médicales de l’acide hyaluronique.

Pouvez-vous nous dire où se situe actuellement le développement de Vivacy dans ce secteur ?

Michel CHERON – Tout d’abord, Professeur Benhamou, je vous remercie de vous être rapproché de nous pour réaliser ce document, parce qu’il est vrai que très peu de médias parlent de l’acide hyaluronique, en tant que dispositif médical. On voit beaucoup de communications dans la presse, dans les médias, sur l’acide hyaluronique en général, mais il est très rare de parler de cette molécule elle-même, qui est une molécule fantastique utilisée dans beaucoup de domaines médicaux aujourd’hui.

Chez Vivacy nous utilisons cette matière première afin de réaliser nos gels injectables avec un niveau de qualité de grade médical. La réalisation et la performance des produits réside ensuite dans la manière de formuler les gels. Nous avons un brevet (IPN-Like) qui couvre l’ensemble de notre savoir-faire.

Ce sont des dispositifs médicaux injectables dans les tissus qui font l’objet d’une règlementation Européenne nouvelle (MDR) dont l’objectif est de renforcer le suivi de ces produits et la sécurité pour les patients.

A.C. B. Effectivement, même le grand public connaît l’acide hyaluronique aujourd’hui, parce qu’en cosmétologie, on met de l’acide hyaluronique pour donner à une crème un effet anti-âge.

Est-ce qu’on peut aller plus loin dans la compréhension de cette molécule ?

On sait qu’elle est issue d’une recherche relativement ancienne, qui remonte à 1934, où Karl Mayer un biochimiste allemand l’a découverte. Mais 90 ans après, où en est-on sur la connaissance plus précise de cette molécule ?

M.C. – L’acide hyaluronique est un composant naturel qui est présent dans le corps humain. Cette molécule est un polysaccharide, il est l’un des composants de la matrice cellulaire. Au niveau industriel il est synthétisé grâce à un processus basé sur la fermentation bactérienne. 

La matière première ainsi produite est ensuite transformée et utilisée en cosmétique ou bien pour en faire des gels injectables prêts être utilisés par les médecins. Historiquement, après la découverte de cette molécule, il y a eu une période de développement industriel, qui en grande partie a démarré par l’ophtalmologie.  En l’occurrence, une chirurgie de la cataracte ne peut actuellement se dérouler sans l’utilisation d’un gel d’AH bien particulier. Puis, progressivement, d’autres indications ont été développées avec d’autres formulations, notamment en rhumatologie, mais aussi en esthétique, et puis en gynécologie plus récemment. C’est donc une molécule qui vit en fonction de ses développements technologiques industriels pour aller vers de nouveaux objectifs thérapeutiques.

A.C. B. Il est à noter que l’intérêt initial pour le gel d’AH dans la chirurgie de la cataracte a été en lien avec la découverte initiale de l’acide hyaluronique, faite à partir des extraits de l’humeur vitrée de l’oeil des bovins.

Ensuite les applications en rhumatologie ont été pensées par un autre biochimiste hongrois, Endre Balazs, dans les années 40, qui était persuadé qu’on pourrait utiliser ce produit pour le traitement de l’arthrose du genou, contre la détérioration du cartilage.

Monsieur le Président comment ces applications sont-elles entrées finalement dans la réalité de l’industrie pharmaceutique ?

M.C. Ces applications ne sont pas nées par hasard. En fait nous savions qu’il y avait une demande et un besoin. 

D’abord en ophtalmologie, pour la chirurgie de la cataracte, il fallait disposer d’un gel que l’on pourrait injecter dans l’oeil lors de cette procédure, pour pouvoir y faire entrer des instruments et pour implanter un cristallin artificiel dans le sac capsulaire.

  • À l’époque du Laboratoire Corneal, l’AH n’était pas produit par fermentation mais à partir de crêtes de coqs. Nous avions donc des accords avec les fermiers de Bourg-en-Bresse pour extraire l’AH à partir de leur élevages de gallinacés, selon un procédé propre.

  • Malheureusement, les épidémies de grippe aviaire ont mis à mal la qualité de cette source d’approvisionnement.

  • En conséquence, les industriels se sont adaptés et ont progressivement basculé sur l’AH issu de la fermentation bactérienne.

  • Ce fut un mal pour un bien, puisqu’au final, les caractéristiques de la matière première produite sont actuellement beaucoup mieux maitrisées qu’à l’époque. C’est cette source de haute qualité qui est aujourd’hui utilisée pour la fabrication des gels.

Les fabricants de gels d’acide hyaluronique ont poursuivi de plus belle leur activité de R&D, notamment à l’époque de Corneal, pour continuer à faire évoluer les formulations.

  • C’est ainsi par exemple que les gels monophasiques sont nés. Cette technologie permet de rendre les gels particulièrement homogènes ce qui facilite grandement leur intégration dans les différents tissus composant la peau.

  • L’AH biphasique étant la technologie originelle développée par QMed qui faisait l’objet d’un brevet.

  • En revanche ces technologies ont évolué dans le temps parce que les premiers gels étaient difficiles à injecter.

  • Progressivement, la recherche a encore contribué à améliorer les injectables pour aboutir aujourd’hui à des formulations dont la biodégradation est bien maitrisée et qui présentent surtout un taux d’effets secondaires très faible sur le long terme.

Lorsque nous avons créé Les Laboratoires Vivacy, nous l’avons fait sur la base d’une technologie représentant une nouvelle génération originale de produits.

  • En substance, elle nous a permis de pouvoir assembler différentes matrices de gel d’AH réticulées, pour en faire un produit homogène, extrêmement bien adapté aux contraintes inhérentes aux injections dans la peau. 

  • Cette méthode dérive d’un concept bien connu en chimie : les réseaux interpénétrés (« IPN-Like technology »). Cet assemblage moléculaire nous permet d’ajuster au mieux la rhéologie de nos produits pour s’adapter aux contraintes mécaniques diverses qu’ils subissent après injection..

  • C’est ce qui fait aujourd’hui la force de notre gamme de produits STYLAGE®.

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A.C. B. Est-ce cette élasticité qui donne un « effet de volume » lorsqu’on injecte le gel dans la peau, ce qui lui permet de prendre place pour combler une ride ?

M.C. – On a réfléchi différemment par rapport aux produits antérieurs, on a créé une rhéologie pour injecter dans un plan donné. L’objectif était la création de volumes dans le visage.

C’est pour cette raison que l’on a créé cette technologie IPN.

À l’époque nous avions rencontré des médecins qui développaient des techniques d’injection proches du lipofilling dans la face, avec des micro-canules. Et pour cela il fallait pouvoir avoir des produits ayant suffisamment d’élasticité pour qu’ils s’injectent et se projettent bien dans les tissus.

C’est donc toute une nouvelle vision thérapeutique globale qui a été développée, pour améliorer la prise en charge du vieillissement de la face.

A.C. B. On voit donc au travers des formulations des gels d’AH que c’est la bio-ingénierie chimique qui a été utilisée pour mieux atteindre les objectifs thérapeutiques et pour mieux s’adapter aux demandes des médecins. Est-ce bien cela ?

M.C. – Oui. Et nous avons même répondu complètement à la demande des médecins par anticipation… Car nous souhaitions aller encore plus loin dans l’approche scientifique des thérapeutiques destinées aux pratiques de l’esthétique médicale.

A.C. B. Oui. En tant que chirurgien je peux affirmer que les traitements médicaux à visée esthétique sont une réponse à une vraie demande de santé. Il s’agit donc d’un vrai traitement par la création de volumes créés par des injections d’AH. La qualité de la peau est fonction de son hydratation, terme qui est le mot clé pour définir la principale propriété de l’acide hyaluronique. Son pouvoir d’hydratation est extraordinaire.

M.C. – En effet il ne faut pas oublier l’action de revitalisation et d’hydratation que l’AH induit.

L’action biologique de l’acide hyaluronique se comprend aisément puisque c’est une molécule qui est naturellement présente dans toutes les matrices extracellulaires. Outre son action mécanique, il a aussi démontré qu’elle tient un rôle prépondérant dans les mécanismes de biosynthèse et de régénération tissulaire.

Ainsi, elle peut agir sur la qualité de la peau des patients, qui demandent des effets immédiats pour gommer les effets de l’âge ou bien donner un éclat intéressant capable d’estomper les signes de fatigue cutanée.

Les produits STYLAGE® Hydro et STYLAGE® Hydromax répondent parfaitement à cette demande.

A.C. B. À quels autres besoins de la médecine, en dehors de la chirurgie esthétique et de la dermatologie esthétique, l’AH peut-il répondre ? On a parlé de son intérêt pour l’arthrose du genou ou pour d’autres articulations, puisque c’est un produit qui est naturellement dans le liquide synovial et que lorsque ces articulations souffrent, ne manquent-elles pas d’un lubrifiant ?

M.C. – Il est vrai que pour la gonarthrose comme pour la coxarthrose, les produits à base d’AH existaient avant leur usage pour la médecine esthétique. Nous constatons au travers d’études récentes que les indications se sont développées.

Alors qu’au début on était très axé sur les personnes d’un certain âge avec des arthroses évoluées, on s’aperçoit aujourd’hui que ce type de gel d’AH peut être utilisé pour les jeunes sportifs (ou les vieux) sportifs.

Et c’est une thérapeutique qui est maintenant très maîtrisée et qui est utilisée pour un très grand nombre de personnes. Le vieillissement des articulations est inévitable et cette solution thérapeutique à base de gels d’acide hyaluronique est une réponse adaptée. De nombreuses publications ont d’ailleurs montré l’efficacité ainsi que les mécanismes d’actions de ces produits dans les articulations.

A.C. B. Il y a encore beaucoup de secteurs en cours de développement pour les usages de l’AH.  Vous avez parlé de la gynécologie, avec un AH adapté, le Desirial®, qu’un certain nombre de collègues connaissent, mais pas encore suffisamment semble-t-il. Il est utilisé en particulier dans les syndromes post ménopausiques ou après les cancers du sein avec traitements hormonaux, qui vont entraîner une sécheresse vaginale, des troubles urinaires et d’autres symptômes difficiles à vivre pour les femmes qui en souffrent. Quels sont les messages de Vivacy à ce sujet ?

M.C. – Le problème est simple : jusqu’alors il n’existait que des solutions relativement contraignantes pour traiter ces pathologies

Nous avons développé un gel d’acide hyaluronique destiné à hydrater principalement le vestibule et l’introitus du vagin, siège principal des douleurs à l’intromission dans les tableaux cliniques que vous évoquez dans votre question.

Toutes ces problématiques dans le cadre des traitements de survie post cancer du sein et après la ménopause sont de bonnes indications pour ces injections. En ce sens, nous nous inscrivons totalement dans une démarche de soins de support pour accompagner ces patientes en souffrance.

Mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui cela reste un marché en développement à fort potentiel, parce que peu connu du grand public.

Mais ça bouge énormément. Il y a encore quelque temps, personne n’en parlait, parce que c’était tabou. Dans les visites chez les gynécologues on n’en parlait très peu. Et ce type de  symptômes, comme une gêne douloureuse du quotidien de la zone génito urinaire, ou les douleurs  lors des rapports sexuels, ce sont des problématiques cachées.

Ce produit le Desirial®, existe depuis huit ans sur le marché, nous étions précurseurs. Mais petit à petit nous constatons que c’est une solution qui fonctionne parfaitement, et qui donne un résultat rapide, grâce à une injection qui dure dix minutes au cabinet des médecins.

A.C. B. Look et Medecine a produit avec le soutien de Vivacy un numéro spécial pour le dernier Octobre Rose 2023 sur ce thème là en particulier. Il a été présenté au Parlement Européen avec la Société de Gynécologie Obstétrique française (SGOF). Ce qui veut dire que la prise de conscience est en train de se faire ! Et il faut que les efforts et la ténacité du laboratoire Vivacy dans cette évolution, ont été remarquables.

M.C. – Pour générer des innovations, il faut être tenace en effet. C’est le travail au quotidien de nos équipes de recherche, de nos équipes marketing et commerciales. Dans tous ces domaines nous avons été des pionniers. Il y a ceux qui pensent et ceux qui réalisent.

Il ne peut y avoir d’innovation sans avoir une capacité d’investissement et sans la passion de grands industriels comme Waldemar Kita, le précédent PDG et fondateur de Vivacy.

De même la création de nouveaux produits ne peut se faire sans la relation avec des médecins référents de hauts niveaux. Ce sont eux qui nous transmettent de nouvelles idées. Toutes nos innovations sont protégées par des brevets à portée mondiale. Néanmoins nous, nous ne saurons jamais injecter les produits. C’est la raison pour laquelle le travail en synergie avec les médecins est indispensable .

Nous nous engageons à faire des produits de qualité, qui respectent la réglementation, pour qu’ils soient utilisés dans de bonnes conditions par les médecins, et surtout pour que les patients en tirent un bénéfice physique ou sensoriel mais aussi psychologique.

On a parlé depuis le début de cet entretien de la dermatologie esthétique, de la rhumatologie, de la douleur et de la gêne intime, qui sont des souffrances auxquelles nous apportons un vrai remède.

Et si on doit parler d’apport en termes de santé publique, je trouve que ces sujets ne sont pas assez développés. On parle d’esthétique comme d’un luxe, mais les gens ne connaissent pas bien ce domaine particulier de la médecine, qui correspond à un vrai besoin de santé.

C’est la raison pour laquelle je reviens sur l’aspect psychologique de cette prise en charge C’est très important. L’objectif n’est pas seulement de faire du bien aux patients, mais c’est surtout de leur apporter des solutions qui vont améliorer leur confort à tout point de vue dans leur vie au quotidien.

A.C. B. Monsieur le président pour terminer cet entretien passionnant, comment voyez-vous la projection de votre entreprise dans les 20 ans à venir ? Avec l’acide hyaluronique, le laboratoire Vivacy est parti dans avec beaucoup de foi dans ce domaine très riche. Vous avez même créé une « Académie Vivacy ».

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M.C. – Aujourd’hui nous avons beaucoup parlé de la molécule d’acide hyaluronique, de ses indications, des gels. Pour toutes les raisons évoquées plus haut, l’avenir pour Vivacy sera toujours l’acide hyaluronique.

  • Potentiellement nous pouvons faire beaucoup de choses avec les gels d’acide hyaluronique et bien d’autres spécialités seront concernées.

  • Nous continuerons de concevoir et de fabriquer des gels, de développer des formulations pour d’autres indications dans le corps humain, notamment pour la création d’espaces anatomiques utiles.

  • Nos gels pourraient être également utilisés comme vecteurs pour administrer de manière plus ciblée des substances thérapeutiques. Néanmoins de nombreuses barrières règlementaires limitent actuellement la rapidité de mise sur le marché des produits.

L’avenir restera quand même dans les domaines comme l’esthétique, parce que l’esthétique c’est toujours un marché à fort potentiel, qui va continuer de se développer. La demande va continuer à être importante forte avec un marché en croissance entre 7 et 10 % en fonction des pays.

  • Donc l’avenir pour Vivacy restera le développement, la production et la commercialisation des gels d’acide hyaluronique.

  • Notre idée est de continuer à développer d’autres technologies, qui renforceront encore le pouvoir thérapeutique de l’acide hyaluronique, qui reste une molécule naturellement biodégradable, utilisée avec succès depuis plusieurs dizaines d’années avec des taux d’effets secondaires extrêmement faibles.

L’existence d’un antidote, la hyaluronidase, permettant de dissoudre immédiatement le produit si nécessaire, est aussi un point central pour la sécurité des patients.

Grâce au travail et l’acharnement de toutes nos équipes, nous sommes fiers de notre histoire, de cette grande aventure technologique qui depuis des années nous a permis de mettre sur le marché des produits de haute qualité.

Nous sommes une société française qui fait rayonner cette technologie d’excellence dans le monde entier. Ce savoir-faire est unique.

Nous souhaitons rester une société leader dans nos domaines. Nous le resterons avec des innovations, grâce à nos équipes, pour encore et toujours répondre à la demande des médecins et des patients.

A.C. B. – Merci beaucoup Monsieur le Président, nous sommes ravis de cet entretien.

Nous allons développer dans ce numéro spécial de L&M tout ce que vous venez d’évoquer, les différents gels, les manières de les produire, la rhéologie des gels, etc, et aussi et surtout, les bonnes pratiques éthiques des usages de ces produits dans tous les domaines cliniques concernés.

Merci aux chercheurs de Vivacy, aux médecins et aux chirurgiens experts, formés et informés dans l’art des injections d’AH. Ils présenteront dans ce numéro spécial de L&M VIVACY les résultats de leurs travaux, sous la direction des Professeurs Jean-Paul Méningaud et Barbara Hersant.

Ce numéro sera passionnant : on espère qu’il contribuera à mieux faire connaître cette molécule magique, l’AH, d’une part aux médecins et aux chirurgiens, mais également au grand public et aux pouvoirs publics.

Merci à Vivacy d’être une entreprise française à la pointe dans les domaines de la MEDTECH et des dispositifs médicaux innovants.

L&M est honoré de vous accueillir dans ses colonnes.

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