Un autre regard
Bonnes pratiques de préparation des produits biologiques dérivés du sang humain: le Plasma Riche en Plaquettes (PRP)
Daphné V. Dierman, PhD Pharmacist., Sanaa Benkirane, PhD Pharmacist., Farid Gomri, Msc, Biologist., Antoine Turzi, CEO RegenLab.
Introduction
De nouvelles thérapies innovantes caractérisées d’autologues (substance organique dont le donneur et le receveur sont le même individu) se retrouvent sur le marché, leurs préparations sont dépendantes de l’utilisation de dispositifs médicaux leur permettant de minimiser les risques de contamination (infection) et d’en normaliser les étapes.
Nous aborderons la préparation de produits biologiques dérivés du sang humain à des fins thérapeutiques et spécifiquement la préparation de plasma riche en plaquettes (PRP).
II/ La préparation de plasma-riche en plaquettes (PRP)
Elle se réalise encore aujourd’hui au sein de quelques structures hospitalières, de cliniques et de cabinets privés de manière illégale, en infraction avec l’utilisation prévue pour certains dispositifs qui sont destinés pour des actes à des fins diagnostiques et non pour un usage thérapeutique.
Parmi les raisons de ces interdictions pour un usage thérapeutique il est important de souligner la nécessité d’assurer la sécurité du patient et d’apporter une preuve de l’efficacité thérapeutique sur la base d’une évidence clinique prouvée par des études scientifiques conformes aux règles sanitaires.
Les tubes de diagnostic in vitro (IVD) ne peuvent donc pas être utilisés pour la préparation de PRP, puisqu’ils ne remplissent pas les exigences nécessaires permettant de minimiser le risque d’effets secondaires une fois le produit biologique injecté chez le patient.
III/ Le respect des normes
Parmi ces exigences nous retrouvons le respect des Normes ISO10993 (Évaluation Biologique des Dispositifs Médicaux) au sein desquelles sont listés de nombreux tests comme la biocompatibilité, la pyrogénicité et la caractérisation chimique.
Afin de pouvoir être utilisé chez un patient à des fins thérapeutiques, un Dispositif Médical doit être conforme à la Réglementation Européenne en vigueur sur les dispositifs médicaux : « L’European Medical Device Regulation (MDR) » 2017/745.
Voilà pourquoi un des principaux fabricants de tubes de diagnostic in vitro, « Becton & Dickinson », a publié une communication officielle (fig. 1) indiquant que la préparation de PRP devait se réaliser à l’aide de dispositif médicaux conformes la règlementation internationale ci-dessus.
IV/Le fabricant de Dispositifs Médicaux doit prendre en compte les paramètres suivants pour la sécurité d’une préparation biologique dérivée du sang humain, à l’aide de dispositif médicaux, comme le PRP
A / Avoir un Système de Management de la Qualité conforme selon la norme ISO 13485 : 2016, répondant aux exigences, dans le passé, à la Directive 93/42/CEE, avec un délai de grâce ne pouvant dépasser Mai 2024.
Passé ce délai, le Système Qualité doit également répondre aux exigences supplémentaires de la nouvelle Réglementation MDR (EU) 2017/745.
Depuis 2019, une société aux activités internationales se doit de certifier son système qualité selon le programme MDSAP (Medical Device Single Audit Program), faisant suite à la CIH (Conference Internationale d’Harmonisation mise en place en 2001 !).
Ce programme d’audit unique pour les Dispositifs Médicaux est reconnu par les autorités des 5 pays participants : Australie, Brésil, Canada, Etats-Unis et Japon.
Depuis le 1er janvier 2019, le Canada a rendu le MDSAP obligatoire. Les États-Unis d’Amérique, Brésil, Australie, Japon devraient suivre ce mouvement. L’Europe est actuellement uniquement observateur de ce programme.
B/ Certifier ses Dispositifs Médicaux selon le Règlement Européen (MDR (EU) 2017/745) relatif aux Dispositifs Médicaux qui remplace la Directive 93/42 CEE (MDD) relative aux dispositifs médicaux et la directive 90/385/CEE relative aux dispositifs médicaux implantables actifs en vigueur.
La MDR maintient les exigences de la MDD et en introduit de nouvelles. La MDR est davantage axée sur la sécurité. Ce mot apparaît 290 fois dans le MDR (40 fois dans le MDD).
Pour chaque dispositif médical, de fournir un dossier technique (Technical File) conformes aux nouvelles exigences MDR 2017/745 qui inclut les spécifications techniques et fonctionnelles du Dispositif, et un rapport d’évaluation clinique (CER) réalisé avec son/ses dispositif/s médical/aux, permettant de prouver leur/s efficacité/s thérapeutique et leur sécurité pour le patient dans les indications thérapeutiques reconnues.
De mettre en place un Plan de Surveillance après mise sur le marché (Post-market Surveillance) concernant la sécurité du Dispositif Médical tout au long de son cycle de vie.
Ce plan comprend également le suivi des études cliniques (Post Market Clinical Follow up) qui devront continuellement contrôler et démontrer les revendications cliniques certifiées.
C/ Les exigences des préparations du produit biologique (ex : le Plasma Riche en Plaquettes) à savoir :
Des dispositifs médicaux stériles conçus et certifiés par un organisme notifié et reconnu selon le Règlement MDR 2017/745/CEE.
Un Système de préparation en circuit fermé, avec un minimum de manipulation et au chevet du patient (utilisation extemporanée), dans le respect des techniques d’asepsie strictes pour garantir la stérilité du prélèvement et d’administration quel que soit l’indication d’utilisation.
Le PRP doit être utilisé dans le cadre d’une seule et même intervention médicale, sans être conservé ou préparé ailleurs au sein d’un établissement tiers.
L’acte de prélèvement doit être réalisé par un médecin, ou sous sa supervision, et les injections à base du PRP doivent être exécutés par un médecin.
Le concept de bioéquivalence ne peut pas être appliqué pour des préparations biologiques dérivées du sang humain à des fins thérapeutiques car comme chaque dispositif médical a ses propres performances en termes d’isolation cellulaire et performances thérapeutiques.
Selon le code de santé publique français, parties législatives, articles L1211-8 et 1242-1, les prélèvements de sang à des fins thérapeutiques autologues sont autorisés à condition que les prélèvements soient faits dans le respect des règles des Bonnes Pratiques de Préparation.
D/ En prenant en compte ces différentes réglementations et normes internationales, la préparation de produits dérivés sanguins, et plus précisément la préparation de plasma riche en plaquettes, ne peut être réalisée qu’à partir de l’utilisation de Dispositifs Médicaux de classe IIb ou III, certifiés et validés pour cette utilisation.
E/ Ainsi, les préparations utilisant des dispositifs de Diagnostic In Vitro – IVD (dispositifs destinés à être utilisé uniquement in vitro pour l’examen d’échantillons biologiques, dans le but de fournir des informations sur le patient) soumis à la nouvelle norme IVD 2017/746, sont prohibées pour la préparation du PRP :
a) Les IVD ne sont pas soumis aux tests de biocompatibilité et pyrogénicité selon les référentiels ISO 10993-1 à 23.
b) Les IVD ne peuvent être promus ou utilisés en usage médical car ils ne sont pas conformes aux pré-requis de sécurité et d’évaluation clinique selon la norme MDR 2017/745. Leur contenu, même s’il est stérile, ne peut pas être réinjecté au patient.
V/ En pratique clinique
L’utilisation de dispositif médicaux pour la préparation de Plasma-Riche en Plaquettes se fait de plus en plus fréquemment pour différentes indications aussi bien dans un cadre purement esthétique qu’un cadre thérapeutique.
En effet le PRP, par sa forte présence et sécrétion de facteur de croissance, permet de stimuler la régénération des tissus en stimulant la production de collagène et stimulant la prolifération de fibroblastes, une stimulation biologique qui a été rapportée dans de nombreux travaux, ce qui permet une renouvellement tissulaire et une peau de meilleure qualité.
D’un point de vue thérapeutique, le PRP a également démontré de nombreux bénéfices pour certaines pathologies comme l’alopécie androgénique.
Concernant l’utilisation du PRP en médecine esthétique, la Norme européenne EN 16844 :2017+A2 définit dorénavant l’ensemble des exigences jugées essentielles à la délivrance de prestations de médecine esthétique (traitements médicaux non chirurgicaux).
Cette Norme européenne a été adoptée par le Comité Européen de Normalisation (CEN) le 20 décembre 2017 et comprend l’amendement 2 adopté par le CEN le 16 Avril 2019.
Ce texte précise notamment le niveau de risque en fonction de la gravité des complications possibles. Les niveaux de risque sont définis comme suit :
A : Risque minimal (c’est-à-dire signes/symptômes légers et passagers) ;
B : Troubles légers (c’est-à-dire signes/symptômes modérés et passagers) ;
C : Dommages esthétiques (dommage permanent sans restriction fonctionnelle) ;
D : Handicap (dommage permanent avec restrictions fonctionnelles);
E : Décès.
Cette norme qualifie les injections de plasma riche en plaquettes et actes comparables :
préparés dans un système fermé (comme le procédé Regen Lab), de niveau de risque A (risque minimal)
et les injections de plasma riche en plaquettes et actes comparables, préparés dans un système ouvert, de niveau de risque B.
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