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Le Plasma Riche en Plaquettes (PRP), 

un traitement adjuvant de l’alopécie.

Pr Barbara Hersant

Chirurgie Plastique, Hôpital Henri Mondor, APHP

Directrice scientifique du congrès AIME

Les 3 causes principales d’alopécie sont: l’alopécie androgénique, l’effluvium télogène et la pelade (1).

Devant toute alopécie, un bilan médical est primordial et permettra de rechercher :

Les carences martiales correspondant à des carences en fer, la malnutrition.

Les causes endocriniennes : la dysthyroidie, hyperandrogénie.

Les causes toxiques : les chimiothérapies, la prise d’oestroprogestatif.

Les causes liées aux maladies auto-immunes : le lupus érythémateux, la sclérodermie.

Les causes infectieuses : la folliculite, l’infection VIH et syphilis et les teignes

Les causes physiques : après un traumatisme, une brûlure.

Les causes acquises : la trichotillomanie.

Le plasma riche en plaquettes (PRP) est : défini comme un produit biologique autologue dérivé du sang du patient et dans lequel (après un processus de centrifugation) une fraction plasmatique est obtenue avec une concentration plaquettaire supérieure à celle du sang circulant.

Ce procédé technologie thérapeutique gagne en intérêt pour la médecine régénérative en raison de son potentiel à stimuler et accélérer la régénération des tissus (2).

La préparation de PRP nécessite un prélèvement sanguin. (Figure 1).

Avant centrifugation 8 ml de sang sont prélevés dans un tube contenant un anticoagulant (citrate de sodium).

Après centrifugation à 1500G pendant 5 minutes, le PRP est séparé des globules rouges qui sédimentent au fond du tube.

Le tube est inversé plusieurs fois pour re-suspendre les plaquettes contenues dans le plasma.

Chaque plaquette contient plus de 3000 biomolécules.

Après activation, la plaquette se dégranule et libèrent toutes ces molécules dans le tissu receveur.

Figure 1. Préparation du PRP à partir d’une prise de sang (8Ml) avec le dispositif RegenKI-BCT®.

Les facteurs de croissance essentiels du PRP sont représentés dans le tableau 1.

Ils comprennent :

Le facteur de croissance transformant (transforming growth factor :TGF β-1

les facteurs de croissance plaquettaires (platelet derived growth factors : PDGF- α β et PDGF – ββ),

Le facteur de croissance à l’insuline (Insulin growth factor : IGF),

les facteurs de croissance endothéliaux vasculaires (vascular endothelial growth factor :VEGF),

le facteur de croissance épidermique (Epidermal growth factor : EGF)

et le facteur de croissance des fibroblastes (fibroblast growth factor : FGF-2)

Le TGF-β1 et le PDGF stimulent la prolifération des cellules mésenchymateuses. 

Le TGF-ß1 stimule également la production de matrice extracellulaire, y compris le collagène. 

Principalement, ces facteurs stabilisent le tissu endommagé pendant les étapes initiales de la réparation tissulaire et dirigent les cellules mésenchymateuses et épithéliales locales à migrer, se diviser et augmenter la synthèse de collagène et de matrice, conduisant finalement au tissu conjonctif fibreux et à la cicatrisation.

Le VEGF et le FGF-2 sont importants pour stimuler la formation de nouveaux vaisseaux sanguins afin d’amener les nutriments (3-5).

Tableau 1. Résumé des facteurs de croissance contenus dans le plasma riche en plaquettes (3-5).
Suite. Tableau 1. Résumé des facteurs de croissance contenus dans le plasma riche en plaquettes (3-5).

Chaque facteur de croissance peut avoir différents effets sur le processus de cicatrisation et agit en se liant à des récepteurs spécifiques sur les membranes cellulaires des cellules cibles. 

Ces effets comprennent la chimiotaxie (attraction des cellules), induisant la migration et la prolifération des cellules, et ils stimulent les cellules à réguler à la hausse la production de protéines.

Ces facteurs de croissance régulent non seulement la migration et la prolifération cellulaire, mais aussi le remodelage de la matrice extracellulaire et favorisent l’angiogenèse, créant un environnement idéal qui favorise le processus de régénération.

Il n’y a pas de consensus pour la préparation du PRP mais l’utilisation d’un kit en circuit fermé est préférable pour éviter les contaminations.  Ci-joint, dans le tableau 2 voir les différents kits qui ont un marquage CE.

Il n’y a pas un PRP mais des PRP. Le PRP dépend du donneur, mais aussi du kit utilisé et du mode de préparation.

Tableau 2. Comparaison de la préparation du PRP avec différents dispositifs médicaux (6).

Une des méthodes de préparation du PRP (Figure 2. )

Le manuel technique de l’American Association of Blood Banks (44) indique que « le plasma riche en plaquettes est séparé du sang total par centrifugation. Le principe de base de la procédure de séparation PRP est représenté dans la figure 2.

Suite à la centrifugation, le sang est fractionné et des éléments cellulaires sédimentent à la surface du gel dans les tubes RegenBCT® (Blood Cell Therapy).

Le processus de centrifugation sépare les composants sanguins en raison de leurs différentes densités, c’est-à-dire que les globules rouges sont les plus lourds (se trouvent piégés grâce au gel séparateur), suivis des plaquettes contenues dans le plasma et qui sont les plus légères. 

La centrifugation est réalisée à 1500 g pendant 5 minutes. 

Le rendement en plaquettes dépend principalement de certains paramètres tels que la taille et la forme du contenant utilisé, la vitesse et le temps de centrifugation et l’anticoagulant utilisé. 

Il y a un manque important d’études comparatives pour normaliser les paramètres procéduraux du PRP.  Cependant, dans notre pratique au laboratoire, nous avons utilisé le kit RegenKit-BCT qui nous permet d’avoir à partir d’un même volume de sang une concentration en plaquettes de 1.6 fois.

Ainsi, les PRP obtenu avec RegenKit®-BCT contient par rapport à un « caillot naturel »

  • très peu de globules rouges (< 0.3% de récupération),
  • beaucoup moins de leucocytes (11-13% de récupération, soit 0.2x),
  • une quantité équivalente de fibrine, et 1.6 fois plus de plaquettes, soit 1.6 fois plus de facteurs de croissance d’origine plaquettaire délivrés dans leurs proportions relatives naturelles. (Tableau 3).

 

Figure 2. Préparation autologue de plasma riche en plaquettes (A-PRP) à l’aide du dispositif RegenBCT®.
Tableau 3: Caractéristiques du PRP obtenu avec le kit RegenKit-BCT.

Le PRP : un traitement adjuvant de l’alopécie.

À la question y a-t-il une augmentation de la densité capillaire ? La réponse est OUI.

Différentes études ont évalué la densité des cheveux et ont montré une augmentation de la densité des cheveux (7-9).

L’étude de Gentile et al. (8) était un essai randomisé en double aveugle sur 23 patients traités par 3 séances d’injections de PRP sur une base mensuelle ou 3 séances d’injections de solutions physiologiques.

La densité capillaire a été évaluée par Trichoscan et les résultats ont montré une augmentation moyenne de 45,9 cheveux/cm2 dans le groupe traité contre une diminution moyenne de 5,6 cheveux/cm2 dans le groupe témoin (P < 0,05).

L’étude d’Alves et al. (9) était un essai randomisé en double aveugle sur 25 patients traités par 3 sessions d’injections de PRP sur une base mensuelle ou 3 sessions d’injections de solutions physiologiques.

La densité capillaire a été évaluée par trichoscanner et les résultats ont montré une augmentation moyenne de 12,8 cheveux/cm2 dans le groupe traité contre une diminution moyenne de 2,1 cheveux/cm2 dans le groupe témoin (P < 0,05).

Quelle augmentation peut-on attendre?  Une augmentation de 10 à 20 %.

L’un des premiers articles sur le PRP pour le traitement des alopécies a été publié en 2006 par Uebel et ses collègues, qui ont décrit un rendement capillaire supérieur de 15 % en densité d’unités folliculaires dans les zones prétraitées avec du PRP par rapport aux contrôles (10).

L’étude de Kang et al. était une étude prospective contrôlée sur 26 patients traités avec 2 sessions d’injections de PRP à un intervalle de 3 mois ou avec des injections hebdomadaires d’extrait placentaire. La densité des cheveux a été évaluée par phototrichogramme et les résultats ont montré une augmentation moyenne de 29,2 % de la densité des cheveux dans le groupe PRP (P < 0,0001). (11)

À la question y a-t-il un ralentissement de la chute des cheveux ? La réponse est OUI.

La perte de cheveux a été évaluée dans des études par le test de traction qui s’est révélé négatif chez plus de 95% des patients.

L’étude de Singhal et al (12) était une étude prospective contrôlée sur 20 patients traités par 4 sessions d’injections de PRP à un intervalle de 2 semaines. Le résultat du test de traction était négatif pour tous les patients après avoir reçu 4 séances d’injections de PRP.

L’étude de Gkini et al. (13) était une étude prospective non contrôlée portant sur 20 patients traités par 3 séances d’injections de PRP à un intervalle de 3 semaines et une dernière séance 6 mois après.

Le résultat du test de traction était négatif chez tous les patients après la première des 3 séances d’injections et est redevenu positif 3 mois après la dernière séance d’injection de PRP.

À la question y a-t-il une augmentation de l’épaisseur des cheveux ? La réponse est OUI.

L’épaisseur des cheveux a été mesurée objectivement dans 2 études.

Dans l’étude de Kang et al (11) , le diamètre des cheveux a augmenté en moyenne de 31,3% (P < 0,0001) 3 mois après la première session d’injection et de 46,4% (P < 0,0001) 3 mois après la seconde session d’injection.

Dans l’étude de Sclafani (14), le  »Hair density index » (15) (composé de la densité et de l’épaisseur des cheveux). Une partie de l’augmentation de cet indice jusqu’à 106,4% était due à l’augmentation du diamètre des cheveux.

À la question y a-t-il création de nouveaux follicules ? La réponse est non. Le PRP ne remplace pas la greffe capillaire.

Les facteurs de croissance du PRP agissent sur les cellules souches présentes dans la zone du bulge des follicules, ce qui entraîne une néovascularisation et une néofolliculogenèse (16-17). Ils peuvent améliorer la prise des greffes mais le PRP ne peut pas créer de nouveau follicules sur une peau glabre.

Il n’est pas rare de voir de nouveaux cheveux poussés dans une zone traitée mais déjà fournie en bulbe capillaire. Donc, nous préférons dire que le PRP ne permet pas la création de nouveaux cheveux.

À la question y a-t-il des effets secondaires ? La réponse est : ces effets sont minimes à inexistants.

La procédure PRP est une intervention relativement efficace et sûre avec des effets indésirables minimes, notamment une douleur temporaire et tolérable pendant le traitement, des maux de tête légers qui peuvent régresser avec l’acétaminophène, des démangeaisons minimes, un érythème et un œdème transitoires et une desquamation. 

À ce jour, il n’y a aucun de ces effets n’a été rapporté : infections, folliculite, de panniculite, d’hématome ou de formation de sérome (19).

Les contre-indications à la procédure PRP comprennent un dysfonctionnement plaquettaire, une thrombocytopénie, des troubles de la coagulation, un traitement anticoagulant, une hépatite, une instabilité hémodynamique, une infection locale au site de prélèvement sanguin ou d’injection de PRP, et les patients sujets à la formation de chéloïdes

 

Notre Protocole 

Nous recommandons le PRP comme traitement adjuvant de l’alopécie androgénétique et encourageons les patients à poursuivre les traitements topiques et/ou oraux (par exemple : minoxidil, spironolactone et finastéride), parce que le PRP ne supprime pas la composante hormonale de l’alopécie androgénétique.

Trois séances à 1 mois d’intervalle en traitement d’attaque puis 2 séances par an à vie.

Le PRP peut également être utilisé pendant et après greffe capillaire pour améliorer le rendement de la prise de greffe et maintenir la survie des greffons.

L’administration du PRP : Injection intradermique (0.1mL/cm2). Par mésothérapie à l’aide d’un pistolet injecteur (Figure 3).

Des études recommandent une injection sous forme de bolus subdermiques car cette technique est moins douloureuse et globalement plus efficace.

Les injections de bolus sous-cutanés permettent la diffusion du PRP et entraînent moins d’injections. Les injections doivent être espacées dans la zone d’éclaircissement, qui se trouvent généralement le long de la ligne des cheveux, de la partie, du vertex et de la couronne du cuir chevelu.

Injections selon la technique du nappage (plusieurs petites injections en ligne à 1 cm d’intervalle).

Volumes du PRP injectés. Le volume de PRP varie considérablement entre les études entre 6 et 20 ml.

Figure 3. Mésothérapie du cuir chevelu par injection du PRP à l’aide d’un pistolet injecteur (B. Hersant).

Références

  1. Phillips TG, Slomiany WP, Allison R. Hair Loss: Common Causes and Treatment. Am Fam Physician. 2017 Sep 15;96(6):371-378. PMID: 28925637.
  2. Marx RE. Platelet-rich plasma (PRP): what is PRP and what is not PRP? Implant Dent. 2001; 10:225–228.
  3. Everts PA, Knape JT, Weibrich G, Schönberger JP, Hoffmann J, Overdevest EP, Box HA, van Zundert A. Platelet-rich plasma and platelet gel: a review. J Extra Corpor Technol. 2006; 38:174–187.
  4. Eppley BL, Woodell JE, Higgins J. Platelet quantification and growth factor analysis from platelet-rich plasma: implications for wound healing. Plastic Reconstruct Surg. 2004; 114:1502–1508.
  5. Engebretsen L, Steffen K, Alsousou J, Anitua E, Bachl N, Devilee R, Everts P, Hamilton B, Huard J, Jenoure P, Kelberine F, Kon E, Maffulli N, Matheson G, Mei-Dan O, Menetrey J, Philippon M, Randelli P, Schamasch P, Schwellnus M, Vernec A, Verrall G. IOC consensus paper on the use of platelet-rich plasma in sports medicine. Br J Sports Med. 2010; 44:1072–
  6. Alves, Rubina; Grimalt, Ramon (2018). A Review of Platelet-Rich Plasma: History, Biology, Mechanism of Action, and Classification. Skin Appendage Disorders, (), 18–24. doi:10.1159/000477353 
  7. Picard F, Hersant B, Niddam J, Meningaud JP. Injections of platelet-rich plasma for androgenic alopecia: A systematic review. J Stomatol Oral Maxillofac Surg. 2017 Oct;118(5):291-297. doi: 10.1016/j.jormas.2017.06.011. Epub 2017 Jul 1. PMID: 28676455.
  8. Gentile P, Garcovich S, Bielli A, Scioli MG, Orlandi A, Cervelli V. The effect of 443 platelet-rich plasma in hair regrowth: a randomized placebo-controlled trial. 444 Stem Cells Transl Med 2015;4(11):1317–23. 445 [34]
  9. Alves R, Grimalt R. Randomized placebo-controlled, double-blind, half-head 446 study to assess the efficacy of platelet-rich plasma on the treatment of 447 androgenetic alopecia. Dermatol Surg 2016;42(4):491–7
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  16. Li ZJ, Choi HI, Choi DK, Sohn KC, Im M, Seo YJ, et al. Autologous platelet-rich plasma: A potential therapeutic tool for promoting hair growth. Dermatol Surg. 2012;38:1040–6. 
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  19. Badran KW, Sand JP. Platelet-Rich Plasma for Hair Loss: Review of Methods and Results. Facial Plast Surg Clin North Am. 2018 Nov;26(4):469-485. doi: 10.1016/j.fsc.2018.06.008. Epub 2018 Aug 16. PMID: 30213428.
  20. Gentile P, Garcovich S. Systematic Review of Platelet-Rich Plasma Use in Androgenetic Alopecia Compared with Minoxidil®, Finasteride®, and Adult Stem Cell-Based Therapy. Int J Mol Sci. 2020 Apr 13;21(8):2702. doi: 10.3390/ijms21082702. PMID: 32295047; PMCID: PMC7216252.
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